Portrait – Pascal Meyer

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Meyer

Rédacteur

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Sarah Mosta
Responsable communication

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Pascal Meyer, fondateur de Atelier Meyer, est doreur, Meilleur Ouvrier de France.

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Témoignage :

 » Nous sommes l’unique entreprise en France à détenir trois générations de MOF (Meilleur Ouvrier de France). Troisième de la dynastie, j’ai d’abord appris le métier de doreur à la feuille au côté de mon père, avant de partir me perfectionner dans les plus grands centres de restauration. Au collège, je voulais tout faire, sauf ce métier-là. Après la 3e, je souhaitais partir en apprentissage pour faire quelque chose de mes mains. C’est là que je me suis tourné peu à peu vers le métier de mon père.

Après trois années d’apprentissage et une année de service militaire, j’ai poursuivi mes expériences à la recherche d’inspiration et de techniques. Après des études de conservation restauration à l’istituto d’art du Palazzo Spinelli à Florence, j’ai réalisé un stage de fin d’études à l’Institut royal du Patrimoine artistique de Bruxelles, avant une ultime étape au sein du Centre Régional de Restauration de Kerguehennec en Bretagne.

C’est à Florence que j’ai fait la rencontre de mon épouse Eladia avec qui j’ai ouvert l’Atelier Meyer en 2004 à Schiltigheim. Formée en restauration de tableaux sur toile et sur bois, elle partage depuis son savoir-faire avec une équipe hautement qualifiée qui nous vaut d’être doublement labelisés Entreprise du Patrimoine Vivant et Musées de France. Ensemble, on assure la conservation et la restauration de tableaux et dorures dans le plus strict respect de l’œuvre d’art confié.

Parmi nos réalisations majeures, on retrouve en premier lieu la restauration en 2015 du troisième plus vieux buffet d’orgue en nid d’hirondelle au monde, celui de la cathédrale de Strasbourg… Mais aussi les autels de l’église abbatiale baroque d’Ebersmunster (2010-2015), le buffet d’orgue de Sainte-Claire à Vevey en Suisse (2017), ou encore le bas-relief de Saint-Guillaume à Strasbourg mis en avant en 2019 dans le cadre de l’exposition « Les Trésors restaurés du Moyen-Age ».

Mon grand-père Michel a commencé en 1928 chez le doreur Gerner à Strasbourg. Il a principalement travaillé pour les monuments historiques, tout comme mon père. Depuis 2004, nous avons débuté par cela mais nous avons très vite commencé à nous ouvrir vers d’autres mondes. Je marche beaucoup au défi. Sortir de ma zone de confort, c’est cela qui m’anime. Quand il y a 80% de recherches sur une restauration, c’est là que je m’amuse. Quand vous avez un architecte qui n’arrive pas à trouver la bonne couleur pour le cadre en métal d’un miroir, il faut arriver à lui faire une dorure de la même couleur qu’il souhaite et du même brillant que pour un métal poli. Dorure sur métal tout le monde sait le faire. Réaliser une dorure brillante brunie à l’agate c’est déjà beaucoup plus rare. C’est en cela que nous nous démarquons. 

Nous fabriquons des cadres exceptionnels, des plus modestes aux plus coûteux, que ce soit pour des chineurs locaux, des musées ou des collectionneurs d’art. Nos maîtres mots : minimalisme de l’intervention, réversibilité, et compatibilité des traitements avec les matériaux. Du support à la couche picturale, tout doit pouvoir être enlevé sans abîmer l’original. Garantir le respect total de l’œuvre est primordial. C’est pourquoi les matériaux utilisés ne doivent produire aucune modification, ni physique, ni esthétique.

Nous avons réalisé 80% d’export à l’international en 2022, et nous développons depuis près de cinq ans de nouveaux projets en partenariat avec des architectes et de grandes maisons de luxe françaises. On leur propose d’embellir leurs collections via la feuille d’or sur tout support. On ne cesse de développer nos technicités et nos finitions très spécifiques en lien permanent avec des designers. Il y a beaucoup d’échanges, d’essais, de chimie, avant d’arriver à ce que souhaite le client. C’est du très haut de gamme.

Cette passion, qui demande autant de précision que de patience, nous tenons à la transmettre. C’est en ce sens que nous continuons de former un apprenti tous les deux ans. La 14e apprentie s’apprête à passer son CAP en juin, et on vient d’embaucher la 15e apprentie pour un démarrage en septembre. Au niveau national, ils sont entre 10 et 15 apprenants à se lancer chaque année dans le métier de la dorure. Ce sont très souvent des femmes. « 

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