Eric Boehm, fondateur de E.Boehm – Art textile, éditeur de mosaïque de velours à Colmar (68).
Témoignage :
« Après l’obtention de mon diplôme d’ingénieur textile de l’ENSAIT en 1992, j’ai débuté ma carrière dans l’industrie des textiles à usages techniques. J’ai intégré une PME située en Centre-Alsace spécialisée dans l’enduction fine des matériaux souples.
Pendant plus de 28 ans, mon métier était principalement orienté vers l’ingénierie, la R&D et la production de supports destinés à la décoration intérieure, à l’habillement, à la protection solaire et à la communication visuelle grand format. Passionné par toutes le formes d’Arts, en parallèle de ce métier très exigeant, j’ai étudié la musique et les arts plastiques. Il y a deux ans, j’ai décidé de changer radicalement de parcours professionnel pour être plus en phase avec mes valeurs et mes passions. J’ai donc quitté le monde de l’excès, du jetable, de la surexploitation et de l’épuisement sans fin et parfois inutile des ressources. J’ai décidé de laisser de côté les matières synthétiques bon marché et polluantes, la surenchère des volumes et de la croissance où l’humanisme n’avait presque plus de place.
Je voyais le monde autour de moi qui prenait une mauvaise direction, je n’ai pas voulu la suivre. Apporter ma contribution à la préservation de notre environnement, de ce qui nous entoure, là juste à côté de nous, me paraissait désormais un essentiel.
Le stage de tissage effectué en été 2020 à Aubusson a fait naître les premiers contours du projet. Cela sonnait désormais comme une évidence : je sentais que ce qui m’animait c’était de maintenir des savoir-faire d’excellence, d’utiliser et de travailler des matières premières nobles et renouvelables, de ralentir le rythme, de faire l’éloge de la lenteur, de la valeur du temps. D’estimer la beauté du travail manuel, de respecter la nature et d’être attentif à l’homme et à son environnement.
A la Cité de la Tapisserie d’Aubusson, j’ai découvert des œuvres anciennes et contemporaines qui n’avaient rien de désuets ou d’un autre temps. Elles étaient vives, pleines de couleurs, précises, fines et élégantes, décalées ou alors trompe l’œil au point d’être confondues avec une bâche bleue en PVC… Un travail, précieux, d’orfèvre !
Mon idée était née : rendre aux Arts textiles toute la noblesse qui leur est due et de promouvoir cette forme d’expression comme un nouveau médium, en passant par l’édition et la création, être le lien entre les artistes, les matières, les savoir-faire et les artisans. De faire confluer en un lieu tous les talents et les techniques ancestrales, singulières ou contemporaines dans une forme libre d’échange et d’innovation.
Dans une approche assez décomplexée de l’Art, je souhaite inscrire les tapisseries dans notre époque, dans le respect de valeurs socialement responsables, d’égalité, d’héritage et ainsi correspondre à l’envie de mes partenaires et clients.
Place à la pratique : faire de ce rêve un projet ! Début de l’année 2021, j’ai commencé à apprendre le métier de tisserand « numérique » pour composer des œuvres textiles avec la technique particulière du point noué. Riches de collaborations avec des artistes plasticiens ou d’inspirations thématiques personnelles, les tapis et tapis tableaux traditionnels se muent en subtiles Mosaïques de Velours dont les Allures subliment chaque intérieur sans trahir leur style. Elles laissent libre cours à la vision artistique, à l’émotion, au mouvement.
Dans un cadre confidentiel et pourtant si accessible, j’ai imaginé comme un lieu d’exposition et de partage mon Studio des Confluences, situé dans le centre historique de Colmar. Et ce n’est pas le fruit du hasard, ville natale mais également région reconnue à l’internationale pour son expertise historique dans le textile. Ce lieu de vie me sert à la fois d’atelier de création plastique, de tissage 2.0 avec un logiciel spécifique et de galerie d’exposition.
Ce nouveau métier, allié à mon expertise, à ma vie d’avant, me passionne chaque jour davantage. Tant de pratiques, de savoirs restent à découvrir … La richesse de ce métier n’a pas de fin. Bien au contraire, la Maison E.BOEHM, en réinventant une nouvelle écriture, n’est que le début de ce nouveau chapitre. Il se conjugue au pluriel et dans tous les temps, dans toutes les formes de langage et dans toutes les spécialités. Tous les jours je tisse des liens entre le passé, le présent et le futur, entre les techniques ancestrales immuables et l’innovation, je rends moderne des fibres et des métiers oubliés. Comme les fibres de l’ortie, plante au pouvoir profond, qui sont utilisées dans les Allures des collections de la Maison. En tant qu’éditeur, j’essaie d’être un passeur, un metteur en lien de savoir-faire d’arts textiles pour les esthètes, les artistes, les curieux et de partager cette passion. »